Avec son mur pignon de façade et les deux versants de son toit débordant à peine des murs latéraux, cette maison a toutes les caractéristiques du style sobre de la maison de colonisation vernaculaire de la fin du XIXe siècle. On en notera le balcon protégeant la porte d’entrée et la fenestration à deux types de carreaux.
Fils d’Hormisdas et de Clarinda Francoeur, Victor Morin, dont ce fut la maison, épousa en 1924 Marguerite, née de Gustave Chapleau, une famille avec laquelle les Morin entretenaient des liens très étroits. Ils eurent dix-huit enfants, dont Jean Marie et Gilbert, qui effectuèrent de nombreux travaux pour la Municipalité : entre autres, dans la réalisation et l’entretien du réseau d’aqueduc municipal en remplacement de celui de leur grand-père Hormisdas. Après avoir étudié l’électricité et l’électronique par correspondance à l’Université de Chicago, Victor Morin finit par offrir des services d’installation électrique de Labelle à Saint-Janvier. Il ouvrit un atelier de réparation d’outils et d’appareils, incluant les postes de radio. Puis, avec l’arrivée de la télévision, il étendit ses compétences et fut sollicité pour installer des antennes et réparer les téléviseurs à lampes sur un vaste territoire. Très impliqué aussi dans les revendications citoyennes à propos des effets désastreux de la construction de l’autoroute sur la vie du village, il participa avec certains de ses enfants à des manifestations, dont l’une conduisit un policier nerveux à tirer dans la foule.
Certains de ses enfants se rappellent qu’il utilisait un émetteur clandestin pour diffuser sur une fréquence libre de la musique à partir de ses quelque 400 vinyles. Les initiés, qui lui faisaient part de leur préférence, ont d’ailleurs eu un jour la surprise d’entendre une émission entièrement réalisée par quelques-uns de ses enfants. Une expérience très appréciée de leur public, que leur père Victor leur a évidemment interdit de répéter.