L'automobile

Isaïe Brosseau avec ses filles Gisèle et Béatrice vers 1950 - Collection de la famille Brosseau
Isaïe Brosseau avec ses filles Gisèle et Béatrice vers 1950 - Collection de la famille Brosseau

L’automobile au temps d'Alex Foster

On pourrait se demander pourquoi Alex Foster a décidé en janvier 1933 d’utiliser une voiture Dodge servant de taxi à Shawbridge pour en faire un remonte-pente plutôt que de bâtir une installation permanente. Le fait est que les automobiles ne roulaient pas ou très peu en hiver, car les routes n’étaient pas déneigées hors des grandes villes avant que le gouvernement provincial ne lance un programme de déneigement en 1928-29. C’était toutefois à titre expérimental et sur à peine 133 kilomètres, près de Montréal et de Québec exclusivement. Il a donc fallu quelques années avant que ce soit une réalité dans la région et que les carrioles soient remplacées par des automobiles. Après tout, il n’y a à ce moment là que 6 voitures par 100 habitants dans la province, et la proportion est encore plus faible hors des grandes villes. De toute façon, les voitures de ces années ne possédaient pas de chaufferette ni de dégivreur et les pneus d’hiver n’existaient pas. Si on osait sortir durant la saison froide, on devait installer des chaînes à boue. Pire encore, pour lancer le moteur dont l’huile était figée par le froid, le démarrage à la manivelle exigeait une force quasi herculéenne. Pour Foster, sortir cette voiture-taxi de son remisage hivernal pour son remonte-pente temporaire était une bonne idée, malgré les inconvénients que sa mise en marche comportait. C’est d’ailleurs pour cette raison que les services du garagiste Ira Strong furent retenus pour s’occuper de la machine.

Comme il fallait être fortuné pour faire l’acquisition d’une voiture à un moment où le service est encore embryonnaire et les routes peu appropriées, comment expliquer la présence d’un garage? Ajoutons à cela les contrecoups de la crise économique de 1929-30 qui se font encore sentir et forcent les gens à se serrer la ceinture. Pourtant le garage d’Ira Strong figure déjà dans le prestigieux Automobile road guide of Canada de 1926, en page 605. Visionnaire et un peu entêté, Strong mise sur l’afflux de touristes.

Situé sur la route 11, laquelle est considérée comme la route nationale, son garage ne peut qu’attirer les touristes en route vers les pays d’en haut. Il a misé juste, car deux autres garages auront aussi droit de cité dans les municipalités voisines, soit le garage Morin dans le Vieux-Prévost et le garage Contant dans le Vieux-Lesage. Avec l’optimisme de l’après-guerre, tous les trois profiteront de l’augmentation de 250% du nombre de véhicules enregistrés par rapport aux immatriculations des années 20.

Depuis l’apparition de la première automobile dans la région, le Ford Model T 1916 d’Aldéric Renaud, marié à la sœur d’Euclide Lesage, l’automobilisme n’a cessé de croître, malgré le ralentissement dû aux deux conflits mondiaux et à la grande crise. L’automobile exerce un attrait irrésistible et apporte non seulement une liberté de mouvement mais aussi une certaine notoriété et presque une vénération, surtout chez l’homme qui s’en sert aussi comme un présentoir. Combien de photos d’une automobile, d’un camion ou d’une moto ont été prises où sont juchés la femme de sa vie, ses enfants ou encore ses trophées de chasse. Une envie presque incontrôlable d’y afficher sa fierté, quelle qu’elle soit.

À la fin de la Deuxième Guerre, le rationnement de l’essence est encore en vigueur, comme en fait foi le timbre de catégorie collé dans le pare-brise et le carnet de coupons du permis d’essence…

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