Ce qui n’est aujourd’hui qu’une « baisseure », comme on disait jadis, et où des arbres ont poussé depuis, révèle l’emplacement de l’ancien lac Cyr à droite du 1344, rue Louis-Morin. Derrière vous, passant sous cette rue, vous pouvez encore voir le ruisseau, désormais entuyauté sous l’autoroute, qui l’alimentait de son eau de source, au milieu du siècle dernier. Il n’était alors pas assez profond pour qu’on puisse y pêcher, mais assez étendu pour qu’en hiver, jusqu’aux années 50, on vienne y tailler des blocs de glace. On les plaçait ensuite à l’abri entre des couches de bran de scie, et l’un après l’autre ils étaient vendus pendant l’été pour les glacières qui ont précédé l’usage du réfrigérateur et du congélateur modernes.
Si cet emplacement paraît aujourd’hui de si petite taille, c’est que sa cuvette a été comblée quand son usage initial a cessé d’être nécessaire. Les visiteurs se baignaient sur la rivière du Nord, près du pont Shaw sur une plage créée grâce à la décharge de nombreux voyages de sable. Cette ancienne plage très populaire étaient appelée Sandy Beach par les anglophones.
Le lac Cyr tire son nom du propriétaire du terrain, René Cyr, fils de Zénon, qui avait aménagé plus haut un barrage pour approvisionner plusieurs maisons en eau de surface. René Cyr fut conseiller municipal en 1947, puis de 1953 à 1959. C’était lui qui voyait à produire et vendre la glace, et sa maison servit de bureau de poste pendant une dizaine d’années, à partir du 27 mai 1947. C’est lui qui a supervisé les premiers travaux qui ont mené à l’installation d’un réseau d’aqueduc autonome dans le village, fusionnant celui de son père et celui d’Hormisdas Morin.
Son frère François gérait, à la même époque, un abattoir de poules situé sur la rue Louis-Morin, qui procurait la matière première à un commerce de coloration et de ventes de plumes, pour des clients dans le milieu du spectacle à Montréal.
