Contrairement au style vernaculaire nord-américain, le toit des maisons d’inspiration traditionnelle québécoise, dont cette résidence s’apparente, ne se prolonge pas au-delà des murs. Leur caractéristique commune est le bâti posé sur une fondation très basse, jadis en bois, avec parfois un vide sanitaire. Alors que la maison vernaculaire varie de la petite maison de colonisation au vaste cottage, la maison québécoise gagne en surface avec l’ajout d’un étage. Si la résidence du 1293 rue Louis-Morin s’inspire du modèle québécois, la galerie à l’auvent détaché du toit relève du style vernaculaire, alors que la fenêtre en oriel, à gauche, et l’ouverture hexagonale en oculus, à droite, réfèrent au style Queen Ann.
Sans doute différente du bâti original, cette maison est d’abord celle d’Émilien Morin, frère de Victor et fils d’Hormisdas et Clarinda Francoeur. Il épouse Dora Beausoleil avec qui il a dix enfants, une fille et neuf garçons.
Vraisemblablement premier secrétaire-trésorier du village de Prévost, il est remplacé par E. Fernando Chalifoux en 1933, comme en témoignent les seules archives municipales retrouvées. Son père le décourageant d’exploiter son talent en peinture, Émilien se consacre plutôt à la gestion des biens familiaux : une terre de 200 acres (3 km sur 2 km), un magasin général, un restaurant avec salle de danse, une concession automobile Ford, cinquante maisons à alimenter en eau, un atelier de fabrication de véhicules et d’outils, un bureau de poste et un moulin à farine construit par son père.
Quand Émilien déménage à Montréal, sa maison est achetée et habitée longtemps par Alexis Chapleau, conseiller municipal de Prévost de 1947 à 1962, et Colombe Lavallée, qui y élèvent leur famille de six enfants.