Désormais divisée en deux logements, cette maison a déjà été celle de Napoléon Millette (1895-1962), principal chauffeur de taxi du village de Prévost au début du siècle dernier. Aidé par la parenté et le voisinage, comme c’était souvent le cas à l’époque, il a vraisemblablement construit cette maison très spacieuse lui-même. Son mur-pignon orienté vers la voie publique, son bâti central et sa galerie aux ouvertures symétriques font foi de son style apparenté au vernaculaire nord-américain. Elle en offre cependant une version cottage par son volume imposant et l’ajout d’une saillie en façade, d’un appentis latéral et d’un étage-mansarde à lucarne et balcon, lui aussi ouvert symétriquement.
Fils de Joseph Millette (décédé en 1947) et de Mélina Foisy, Napoléon avait au moins un frère, Léopold (époux d’Annette Lacasse), lequel avait au moins un fils, Jean-Guy (époux de Germaine Joubert). En plus d’offrir des services de transports, Napoléon Millette entretenait alors les chemins pendant certains hivers des années 30 et 40, d’après des contrats chaque année attribués en automne à plusieurs entrepreneurs, chacun déneigeant son territoire.
C’est dans cette maison que Napoléon Millette et son épouse Aurore Demers élevèrent au moins sept enfants.
Quelques témoins consultés, dont le dernier maire du village Marc Gagnon, ont confirmé la renommée de la beauté de sa fille Fleurette, qui travaillait comme standardiste chez Bell Canada, à Shawbridge. Blonde très courtisée, dit-on, elle ne se maria pourtant pas et était reconnue pour sa générosité envers les autres membres de sa famille, ses voisins et des vacanciers à qui elle offrait consolation, encouragement et soutien financier. Elle vécut pourtant une peine d’amour inconsolée, comme cela est arrivé à de nombreuses autres femmes de l’époque. Elle préféra d’ailleurs rester avec sa soeur Florence, sourde, muette et elle aussi célibataire, pour prendre soin de leur mère devenue veuve.
